Avec le soleil radieux à l’extérieur, c’est
pratiquement un scandale que d’avoir à descendre sous terre pour se déplacer. Pourtant,
il sait que la personne qui l’accompagne adore tout ce qui concerne la mécanique
et les transports. C’est pourquoi, il fait un effort aujourd’hui pour accepter
d’y voyager, car hier, il aurait pris un moyen de transport différent. En fait,
il n’aime pas cet air suffocant qui semble maintenu prisonnier depuis toutes
ces années. Combien d’années déjà, il s’y est déjà intéressé, mais c’était hier
tout ça. Son entourage lui a toujours dit qu’il ne portait pas assez attention
aux informations qu’on lui communiquait. Auparavant, c’était moins grave, mais
demain, il se pouvait que ça lui crée quelques problèmes. Par contre, pour lui,
l’important c’est ce qui se passe aujourd’hui.
Spécialement aujourd’hui, puisqu’il s’agit
d’un jour hors de l’ordinaire; c’est un jour en agréable compagnie, pour visiter
tous ces lieux qu’il aime. Il trouve bien dommage que certaines des attractions
qu’il préférait soient fermées aujourd’hui. Il aurait tant voulu faire
connaître à son ami ce carrousel coloré. Peut-être qu’ils auraient eu un point
en commun, peut-être qu’ils auraient pu revenir à la maison et raconter leur
expérience à cheval? C’était ce qu’il avait aimé le plus, et c’est ce qui l’avait
poussé à s’intéresser à l’équitation. Il devrait en parler avec son ami, il est
certain que ça l’intéresserait. Bien sûr il y a autre chose à faire, son ami
souhaite lui faire découvrir d’autres activités, d’autres types de gâteries à
manger, mais il lui semble que les aliments n’ont pas le même goût que dans ses
souvenirs.
La fois où il était venu à cet endroit avec
ses parents, la foule était différente, un peu moins colorée, un peu plus
simple. Mais il se peut que ce soit sa mémoire qui lui joue des tours. Hier, il
n’avait pas ce problème, cependant, ça arrive plus souvent dernièrement. Tous
ces gens qui semblent si pressés, ça le rend fou. Ses parents n’ont jamais vécu
de cette façon et il se demande bien ce qui peut pousser les gens aujourd’hui à
vouloir aller si vite. On lui a souvent dit de bien prendre son temps, pour ne
pas se perdre. Il a bien écouter, et il a surtout toujours tenu cette main qui
l’aidait à traverser la rue ces derniers temps. Mais cette main, elle s’est
affaiblit et bien qu’il ait tout fait pour la retenir, un à un, ces doigts ont
lâché prise. On la consolé, on lui a dit que c’était des choses qui arrivent.
Un événement de la vie, c’est cette expression pleine de sous-entendu qu’on a
utilisé pour lui expliquer tout ça. C’était hier. D’ailleurs, aujourd’hui, une
autre main a pris sa place et c’est sur cette pensée qu’il s’accroche. Demain
sera bien, il retrouvera cette personne avec qui rire, parler, partager ses
passions.
Et puis, cette bourrasque de vent
significative de l’arrivée du métro se fait sentir. Un souvenir éclair vient se
frayer un chemin jusqu’à lui : l’air glissant sur lui, ses cheveux dans le
vent, les mains de cette si jolie jeune fille assise derrière lui sur sa
monture, ses mains glissées sur ses hanches. C’était une belle journée qu’il
aurait voulu prolonger à jamais, mais c’était hier. Aujourd’hui, il se
dirigeait vers le centre-ville et non vers la campagne. Son ami lui tira un peu
la main lorsque le métro s’immobilisa devant eux. Il se leva, se dirigea vers
la porte. Une jeune femme se leva, lui sourit et lui proposa gentiment son
siège. Il s’y assit, appuya sa canne contre la paroi du wagon, passa une main
dans ses cheveux gris et sourit à la jeune femme. Un sourire pour la jeunesse,
un sourire pour cette vie passée, un sourire pour ce petit homme qui se promène
avec lui, son avenir, qui pose sur lui un regard de fierté.
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